Somnolence et distraction au volant : des caméras obligatoires dès l'été prochain
Une nouvelle réglementation européenne exigera l'incorporation d'un système de surveillance de la distraction et de la somnolence du conducteur. Les premiers véhicules équipés conformément à cette exigence seront sur les routes dès cet été. Nous vous en parlons plus en détail dans cet article.
La réglementation GSR2 : qu'est ce que c'est ?
À partir du 7 juillet 2024, tous les nouveaux modèles automobiles homologués en Europe seront tenus d'être équipés d'un système de détection directe de la distraction et de la fatigue du conducteur, en vertu de la réglementation européenne "GSR2" ("General Safety Regulation 2").
Conformément au Règlement délégué (UE) 2023/2590, établi par la Commission le 13 juillet 2023 et complétant le règlement (UE) 2019/2144 du Parlement européen et du Conseil, ce système devra avertir le conducteur s'il détourne les yeux de la route pendant plus de 3,5 secondes à une vitesse supérieure à 50 km/h, et s'il montre une inattention de plus de 6 secondes à des vitesses comprises entre 20 et 50 km/h. Ces seuils correspondent aux niveaux maximums de distraction définis par la réglementation. La détection devra être opérationnelle de jour comme de nuit, et quelle que soit la tenue du conducteur, qu'il porte une casquette, des lunettes de soleil ou même des faux-cils.
Cette mise à jour de la réglementation européenne représente une avancée significative dans les systèmes de détection de la somnolence, déjà présents dans certains véhicules depuis juillet 2022, également connus sous le nom de "DMS" ("Driver Monitoring System", système de surveillance du conducteur).
Une caméra infrarouge dans la voiture
En réalité, bien que le texte maintienne une neutralité sur la technologie à adopter, la caméra à infrarouge semble la plus efficace. Au cours des tests effectués, le visage est balayé de points en points par la caméra intégrée au volant (ou pouvant être installée dans le montant de pare-brise), comme le montre différents reportages sur le sujet. Une fois les paramètres évalués, le véhicule a rapidement émis un signal demandant de rouvrir les yeux et de reprendre l'attention sur la route. Ces signaux se sont intensifiés en cas de persistance dans la distraction, avec des messages de plus en plus insistants. À 50 km/h, en trois secondes, un véhicule parcourt près de 42 mètres, soulignant les dangers d'une "inattention prolongée", comme le souligne l'Union européenne.
Bien que les tests aient principalement utilisé des signaux visuels, des avertissements sonores peuvent également être employés, notamment en cas de somnolence, lesquels sont considérés comme plus efficaces. Les constructeurs ont le choix quant aux types d'alertes à intégrer.
Quant à la possibilité de désactiver ces alertes, il est difficile de donner une réponse universelle à cette question. Cette option sera vraisemblablement activable ou non suivant les constructeurs.
Vers une analyse des émotions du conducteur ?
À l'instar des limiteurs de vitesse intelligents qui seront également introduits cet été sur toutes les voitures neuves, cette nouvelle réglementation est en ligne avec l'objectif de zéro décès d'ici 2050 sur les routes de l'Union européenne. Selon les données de la sécurité routière française, les premiers signes de somnolence augmentent de manière significative, multipliant par 3 ou 4 les risques d'accident. Dès l'été 2026, toutes les voitures neuves vendues en Europe devront être équipées de ces caméras.
Outre leur utilisation principale, les équipementiers et les constructeurs envisagent également d'autres applications, principalement axées sur le confort. Cela pourrait potentiellement amortir le coût de cette installation. Le coût de ces technologies pour les consommateurs reste encore difficile à estimer.
Quels dangers pour les libertés individuelles ?
L'utilisation de caméras capables de détecter les émotions soulève des préoccupations majeures en matière de vie privée et de libertés individuelles. En effet, la technologie de détection émotionnelle peut potentiellement permettre aux entreprises et aux autorités de recueillir des informations très intimes sur les individus, allant au-delà de ce qui est nécessaire à des fins de sécurité routière. Ces caméras pourraient être exploitées pour surveiller en permanence le comportement des conducteurs, ce qui pose des questions éthiques importantes en termes de respect de la vie privée.
De plus, la détection des émotions par des caméras n'est pas une science exacte et comporte des risques d'erreurs et de mauvaises interprétations. Des situations de stress ou d'anxiété non liées à la conduite pourraient être mal interprétées comme des signes de danger imminent sur la route, entraînant des réponses inappropriées de la part des systèmes de sécurité embarqués. Cela pourrait potentiellement conduire à des distractions supplémentaires pour les conducteurs, au lieu d'améliorer la sécurité.
Source : article sur bfmtv.fr du 14/03/2024