« Je n’ai pas fui la justice – je me suis libéré de l’injustice et de la persécution politique. Je peux enfin maintenant communiquer librement avec les médias et je suis impatient de commencer la semaine prochaine »

Les conditions de surveillance de Ghosn à Tokyo

Incarcéré puis assigné à résidence pour malversation financières, le multimillionnaire s’était fait interpelé par les autorités nippones à son arrivée sur le sol japonais en novembre 2018. Pendant plus d’un an, l’ancien dirigent a donc subit des conditions de vie qui l’auraient affaibli moralement alors que selon lui cette affaire est un complot monté par les dirigeants du groupe Nissan et soutenu par le ministre de l’Industrie qui ne pouvaient supporter la fusion Renault-Nissan. En fin décembre 2019, le franco-libanais-brésilien a finalement réussi à se libérer en passant la douane et rejoindre le Liban d’où il est originaire. Très peu de personnes étaient au fait de l’évasion qu’il aurait organisée avec sa femme et laissé la presse l’apprendre à ses proches.

autocollant de bagage détourné
Détournement d'un autocollant sur lequel on peut lire "Ghosn n'est pas dedans".

Pourquoi a-t-il rejoint le Liban ?

Originaire du Liban, Carlos Ghosn bénéficie de la protection pour les ressortissants libanais. En effet, le gouvernement libanais (comme la France et le Brésil ) ne peut livrer à l’étranger ses citoyens sous aucun prétexte. Du Liban, il ne court donc pas le risque d’être remis aux autorités japonaises. L’accord concernant l’expropriation entre le Liban et le Japon n’a jamais été signé. Quant à l’implication du personnel aérien, des avocats, des complices et de ses proches de Ghosn, rien n’est encore définit, sauf quelques détentions dont un employé de la compagnie MGN qui aurait probablement falsifié les documents de vols afin que n’apparaisse pas le nom du fugitif.

Comment le multimillionnaire est-t-il sorti de sa résidence surveillée à Tokyo en échappant à la vidéosurveillance?

Dans une ville comme Tokyo on n’échappe généralement pas à la surveillance des caméras présentent dans la ville entière (coins de rues, passages piétons).

La fuite aurait été orchestrée par des experts japonais et américains de l’exfiltration. De son lieu de résidence à Tokyo qu’il a quitté le 29 décembre en début d’après-midi, selon les caméras de surveillance, pour se rendre à Osaka (500km), l’ancien dirigeant de Renault Nissan ne s’est pas fait remarqué. Sur place accompagné par ses complices, Ghosn serait entré dans un hôtel duquel seuls les complices seraient ressortis mais avec 2 grosses malles et dans l’une desquelles Ghosn se serait caché pour faire le voyage jusqu’au Liban. C’est à l’aéroport de Kansai qu’ils se rendent pour sortir du pays. Grâce à un système de discrétion accordé aux voyageurs sur les vols privés, la malle a échappé au contrôle par rayon X et permis l’exfiltration via la Turquie. Néanmoins, pour en arriver là, les complices auraient surveillés et travaillés plusieurs mois durant pour trouver les failles de sécurité dans différents aéroports japonais. En l’occurrence à Kansai aucuns scanners n’étaient assez grands pour le volume de « cette malle de matériel de musique ».

surveillance publique
Surveillance publique dans les rues de Tokyo.

La vidéo-surveillance au Japon

Marcher dans la rue au Japon revient à s’exposer à la surveillance : des caméras sont posées à chaque coin de rues, aux niveaux des passages piétons, dans les magasins, les métros. Il n’est pas rare non plus de trouver des caméras dans les voitures. En moyenne une dizaine de caméras peuvent filmer un individu entre son domicile et son lieu de travail. La législation au Japon permet au gouvernement de surveiller de très près ses citoyens et de les sanctionner pour non-respect de la loi (comme traverser un passage piéton au feu rouge). De plus, certaines caméras publiques identifient et relèvent les comportements suspects (intention de vol à l’étalage). Plus récemment le NEC a développé un gilet pour les policiers en y incrustant une caméra connectée à des bases de contrôles ce qui permet aux policiers d’être notifiés au cas où dans le champ de la caméra une personne s’avère enregistrée et identifiée comme recherchée dans ces bases.